Le staff du XV de France avait hâte de voir en action ce colosse Tongien d’origine (il mesure 185 cm pour 140 kg en moyenne) dont la sélection avec la France n’est plus qu’une question de semaines. Après cinq ans de résidence en France, Tevita Tatafu peut en effet prétendre à une première sélection lors de la fenêtre internationale de novembre, idéalement contre le Japon le 9 novembre au Stade de France.
Une entrée en matière sans risque pour celui qui avait déjà convaincu le staff en juin, lors d’un précédent rassemblement des Bleus à Marcoussis. A cette occasion, Laurent Sempéré, entraîneur de la touche et des tâches spécifiques du XV de France, avait confirmé que le joueur était « conforme » aux attentes placées en lui.
« Ce qui est hyper important pour nous est de pouvoir le voir en chair et en os, de le voir à l’œuvre, voir comment il arrive à s’intégrer, à développer notre jeu, comment il est avec les autres joueurs », expliquait-il.
« C’est aussi important pour lui de se rendre compte de l’exigence du très haut niveau, de ce que font les joueurs qui ont plus d’expérience à son poste. C’est du temps pour lui. On se projette dans l’avenir pour qu’il puisse challenger les autres et qu’il puisse faire partie de ce groupe. »
Arrivé en France à l’âge de 17 ans
Né aux Tonga en 2002 à Nuku’alofa la capitale située sur l’île de Tongatapu, la plus grande du Royaume des Tonga, le robuste Bayonnais a eu 22 ans ce 13 octobre 2024. Et déjà, il semble parfaitement taillé pour être le pilier droit de l'équipe de France dans les années à venir.
Originaire de l'île d'Eua, l'une des nombreuses îles de l'archipel tongien, Tevita a commencé sa formation rugbystique dans le collège de l’île avant de poursuivre ses études à l'Apifo’ou College sur l'île principale de Tongatapu. À l'âge de 17 ans, grâce à son oncle Toma Taufa, alors pilier droit de l'équipe professionnelle de l'Aviron Bayonnais et aujourd’hui à l’UBB avec son cousin homonyme qui évolue en numéro 8, il a reçu une opportunité pour rejoindre le Pays basque.
Installé à Bayonne depuis novembre 2019, il est désormais estampillé « JIFF » (Joueur Issu des Filières de Formation) et doté d'un potentiel exceptionnel. Pilier gauche de formation, il est passé à droite à la faveur de son coach de l’époque avant de s’imposer à son nouveau poste (59 matchs disputés, 37 titularisations au 13 octobre). Il devrait le rester alors qu’il s’est engagé avec l’Aviron Bayonnais jusqu’en 2026.
La comparaison avec Atonio
Pressenti pour participer à la tournée des Bleus en Amérique du Sud en juillet, il avait finalement dû renoncer pour un point de règlement. A quelques jours près, il était encore inéligible en équipe de France. Mais c’était reculer pour mieux sauter.
« Tevita a franchi un cap la saison dernière », expliquait son manager à l'Aviron, Grégory Patat. « Il a toutes les qualités pour le rugby moderne. Il est explosif ballon en main, dominant, il met de l'intensité dans chaque collision, et ses adversaires souffrent… C'est un point d'ancrage très intéressant pour notre équipe. Et n'oublions pas son jeune âge. Avoir ce potentiel et ce temps de jeu à son âge, c'est de bon augure pour l'avenir. »
Très vite, la comparaison a été faite avec Uini Atonio, dont il apparaît comme le successeur logique. Sur le plan humain, Tevita et Uini se ressemblent. Volontiers déconneurs, ils sont de nature discrète, généreuse et compétiteurs sur le terrain. Tevita a encore le français hésitant mais le comprend parfaitement.
L’emblématique pilier rochelais (34 ans, 62 sélections) est malheureusement plus du côté de la sortie de sa carrière internationale que de son entrée, comme on dit.
Devenir international français, un rêve
Si sa retraite est immanquablement dans un coin des têtes, le vide qu’il laissera derrière lui a vite poussé le staff tricolore à envisager des solutions de remplacement. Dans cette idée, William Servat, entraîneur en charge des avants du XV de France, observe l’évolution de Tatafu avec attention tout comme il garde le même œil attentif sur le pilier droit du Stade Français Georges-Henri Colombe (26 ans, 4 sélections), si impressionnant lors du dernier Tournoi des Six Nations.
Avec Demba Bamba (26 ans, 29 sélections), Dorian Aldegheri (31 ans, 19 sélections), Thomas Laclayat (27 ans, 2 sélections) ou encore Sipili Falatea (27 ans, 14 sélections), la profondeur au poste s’annonce finalement rassurante pour les années à venir.
Impressionnant en mêlée fermée, bon gratteur de ballon, puissant dans les impacts, cette « boule de démolition » « répond plus que très bien aux attentes de la spécificité au poste : la mêlée, la touche et les plaquages. Il manque encore un peu de déplacement pour le haut niveau », disait de lui il y a encore quelques mois son entraîneur Grégory Patat.
« C’est un garçon qui est rayonnant, solaire. Il aurait pu être international tongien, il ne le veut pas. Il veut être international français. Il a cet objectif bien clair et il se donne les moyens pour y arriver. »